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La chimie des lipides

1937 • 2000

S’il est une discipline phare qui continue de porter les développements de l’entreprise, c’est bien la chimie des lipides (ou oléochimie). Depuis les premières émulsions à phase continue aqueuse, elle a déterminé non seulement le cœur de métier de Gattefossé, la galénique, mais aussi ses grandes orientations de marché, à savoir la cosmétique et la pharmacie.

1937

L’arrivée dans l’entreprise d’Émile Mahler, gendre de René-Maurice Gattefossé, porte en elle le germe d’un tournant décisif. Diplômé de l’Institut de Chimie de Paris, Émile Mahler découvre, au cours d’une conférence donnée par un chimiste polonais, le Professeur Przylecki, les polycomponents : des associations constituées de protéines, d’acides gras, de lécithine et de vitamines. Vivement stimulé par cette conférence, Émile Mahler se lance aussitôt dans la fabrication des premiers esters d’acides gras signés Gattefossé et des nouvelles bases d’excipients émulsionnés. C’est le début de la chimie des lipides dans l’entreprise. René-Maurice Gattefossé à Lyon et son neveu Louis Schmuck, directeur commercial à Paris, vont s’employer à faire accepter par les fabricants ces ingrédients totalement nouveaux. De son côté, Henri-Marcel Gattefossé les fait tester par des médecins lyonnais, préfigurant ainsi l’arrivée d’une future activité dans l’entreprise, la dermatologie.

Émile Mahler.

Mais la grande avancée de Gattefossé en matière de chimie des lipides est un peu plus tardive et concerne la maîtrise de l’interestérification.

Cette opération, qui consiste à modifier la répartition des acides gras des huiles végétales, est d’abord réalisée, en partenariat avec la Société Industrielle des Oléagineux (SIO), pour la production des masses pour suppositoires, au début des années 1950. Gattefossé l’applique ensuite, avec le concours du Professeur Naudet, à la synthèse des esters d’acides gras, remplaçant tout ou partie du glycérol par des alcools ou des polymères hydrophiles.

L’huile végétale acquiert ainsi une “amphiphilie” dont l’intérêt est, plus que galénique, biologique – de là, pharmacologique. C’est la naissance des Labrafil®.


Années 2000

Soixante ans plus tard, la chimie des lipides demeure au cœur de l’activité de Gattefossé dans le secteur de la pharmacie, mais l’entreprise oriente désormais ses efforts en direction des excipients pour la voie orale. L’équipe R&D multiplie études et collaborations avec des laboratoires universitaires pour mettre en évidence les mécanismes d’action de ces excipients dans l’organisme. Vincent Jannin, membre de l’équipe R&D, soutient en 2004 une thèse portant sur l’utilisation des excipients lipidiques de Gattefossé dans l’enrobage des médicaments (l’intitulé exact est le suivant : « Valorisation de la fonctionnalité des poudres microenrobées par des lipides »). La poursuite de ses travaux donnera lieu par la suite à la publication de nombreux articles dans des revues scientifiques, permettant à Gattefossé d’occuper une position incontestable sur ce terrain-là.

Par ailleurs, en 2005, l’entreprise initie une collaboration avec le laboratoire Bioénergétique et Ingénierie des Protéines du CNRS Marseille, dirigé par Frédéric Carrière. Après une première phase de recherche portant sur le Labrasol®, les deux partenaires se penchent sur le devenir du Gelucire® 44/14 et de ses composants lorsqu’ils sont digérés par les enzymes lipolytiques de l’estomac et du pancréas.

Il s’avère que les produits formulés par Gattefossé protègent les principes actifs de l’acidité gastrique, leur permettant, ensuite, de passer à travers les cellules de la paroi de l’intestin sans avoir été dégradés.

Gelucire® 44/14.

En 2020, la clientèle pharmaceutique se montre de plus en plus intéressée par l’exploitation des propriétés qu’offrent les lipides au regard de leurs performances en matière d’amélioration de la solubilité et d’efficacité thérapeutique. Le sujet continue d’être un axe de recherche majeur chez Gattefossé. La chimie des lipides n’en finit pas de dévoiler tous ses atouts.

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