1938
Les nouvelles émulsions à phase continue aqueuse de Gattefossé, mises à disposition du Professeur Jean Gaté, chef du service de dermatologie et de syphiligraphie de l’hôpital de l’Antiquaille à Lyon, s’avèrent d’excellents substituts aux lanovaselines*. Le professeur dresse lui-même un constat sans appel, lorsqu’il écrit, en 1938 : « Les nouveaux excipients des crèmes, pommades et autres produits dermatologiques essayés par Henri-Marcel Gattefossé ont permis d’abandonner certains excipients utilisés jusque-là et surtout les produits de pétrole apolaires sans affinité avec les protéines. »
Avec cette invention, les Gattefossé élargissent la gamme des formules jusque-là utilisées en dermatologie.
Ils l’enrichissent en particulier de solvants glycoliques et d’éthers-alcools gras, qui présentent des avantages incontestables sur les excipients classiques.
*Les émulsions prendront du reste un essor important au cours de la Second Guerre mondiale : l’interruption des importations de matières premières oléagineuses provenant d’Afrique va accélérer la recherche de leurs substituts. Aux huiles hydrogénées et autres préparations grasses anhydres se substitueront bientôt des produits contenant 60 à 85 % d’eau : les émulsions.
1954
En 1953, la Société Industrielle des Oléagineux (SIO) propose à Gattefossé de tester ses nouvelles huiles de palme hydrogénées, qui représentent un bon substitut au beurre de cacao pour la fabrication de rouges à lèvres. Gattefossé accepte de les tester pour ses produits de maquillage, mais réfléchit aussi à leur emploi dans la mise au point de suppositoires.
En effet, pour remédier aux variations des spécifications physico-chimiques des suppositoires fabriqués à partir de beurre de cacao, substance naturelle aux caractéristiques non reproductibles, Gattefossé identifie un moyen de corriger les variations de la nature en interestérifiant des huiles végétales (huiles de palme hydrogénées). La constance des spécifications obtenues permet ainsi d’améliorer les process de fabrication et la qualité des produits finaux. Le prototype réalisé est testé dans un hôpital parisien qui doit confirmer sa bonne tolérance physiologique. Les premiers essais sont favorables. Le ministère de la Santé exige toutefois une contre-expertise du service central de la pharmacie qui confie le sujet à un professeur de gastroentérologie de l’hôpital Tenon à Paris.
Le verdict qui découle des 108 cas étudiés se résume en deux mots : tolérance parfaite. Le Suppocire® est né.
Les qualités supérieures qu’il présente sur les excipients existants sont telles qu’il devient un succès commercial et industriel important, faisant de Gattefossé, en quelques années, le plus gros fournisseur de masses pour suppositoires en France.
Suppocire®